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Notions preliminaires. Le mot

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NOTIONS PRЙLIMINAIRES. LE MOT

CHAPITRE I

1. NOTIONS PRЙLIMINAIRES

§ 1. Objet d’йtude de la lexicologie.

§ 2. Les aspects synchronique et diachronique des йtudes lexicologiques.

§ 3. Le vocabulaire en tant que systиme.

CHAPITRE II

2. LE MOT

§ 1. Le mot – unitй fondamentale de la langue.

§ 2. Le mot (son enveloppe matйrielle) et la notion.

§ 3. La signification en tant que structure.

§ 4. Le sens йtymologique du mot.

§ 5. Caractйristique phonйtique des mots en franзais moderne.

§6. Caractйristique grammaticale du mot en franзais moderne.

§ 7. L’identitй du mot.

CHAPITRE I

NOTIONS PRЙLIMINAIRES

§ 1. Objet d’йtude de la lexicologie. Le terme « lexicologie », de
provenance grecque, se. compose de deux racines: « lexic(o)” de «
lexikon » qui signifie « lexique » et « log » de « logos » qui veut dire
« mot, discours, traitй, йtude ».

En effet, la lexicologie a pour objet d’йtude le vocabulaire ou le
lexique d’une langue, autrement dit. l’ensemble des mots et de leurs
йquivalents considйrйs dans leur dйveloppement et leurs liens
rйciproques dans la langue.

Le vocabulaire constitue une partie intйgrante de la langue. Aucune
langue ne peut exister sans mots. C’est d’aprиs la richesse du
vocabulaire qu’on juge de la richesse de la langue en entier. De lа
dйcoule l’importance des йtudes lexicologiques.

La lexicologie peut кtre historique et descriptive, elle peut кtre
orientйe vers une ou plusieurs langues. La lexicologie historique
envisage le dйveloppement du vocabulaire d’une langue des origines
jusqu’а nos jours, autant dire qu’elle en fait une йtude diachronique.
Elle profite largement des donnйes de la linguistique comparйe dont une
des tвches est la confrontation des vocables de deux ou plusieurs
langues afin d’en йtablir la parentй et la gйnйalogie.

La lexicologie descriptive s’intйresse au vocabulaire d’une langue dans
le cadre d’une pйriode dйterminй, elle en fait un tableau synchronique.
La lexicologie descriptive bйnйficie des йtudes typologiques qui
recherchent non pas а йtablir des gйnйalogies, mais а dйcrire les
affinitйs et les diffйrences entre des langues indйpendamment des liens
‘de parentй.

Il n’y a guиre de barriиre infranchissable entre la lexicologie
descriptive et la lexicologie historique, vu qu’une langue vivante
envisagйe а une йpoque dйterminйe ne cesse de se dйvelopper.

Ce cours de lexicologie sera une йtude du vocabulaire du franзais
moderne, considйrй comme un phйnomиne dyna mique.

Notons que la lexicologie est une science relativement jeune qui offre
au savant un vaste champ d’action avec maintes surprises et.,
dйcouvertes.

§ 2. Les aspects synchronique et diachronique des йtudes lexicologiques.
La langue prise dans son ensemble est caractйrisйe par une grande
stabilitй. Pourtant elle ne demeure pas immuable. C’est en premier lieu
le vocabulaire qui subit des changements rapides, se dйveloppe,
s’enrichit, se perfectionne au cours des siиcles.

La lexicologie du franзais moderne est orientйe vers le fonctionnement
actuel des unitйs lexicales en tant, qu’йlйments de la communication.
Cependant la nature des faits lexicologiques tels qu’ils nous sont
parvenus ne saurait кtre expliquйe uniquement а partir de l’йtat prйsent
du vocabulaire. Afin de pйnйtrer plus profondйment les phйnomиnes du
vocabulaire franзais d’aujourd’hui, afin d’en rйvйler les tendances
actuelles il est nйcessaire de tenir compte des donnйes de la
lexicologie historique.

Ainsi, c’est l’histoire de la langue qui nous renseigne sur le rфle des
divers moyens de formation dans l’enrichissement du vocabulaire. Une
йtude diachronique du vocabulaire nous apprend que certains moyens de
formation conservent depuis des siиcles leur vitalitй et leur
productivitй (par exemple, la formation des substantifs abstraits а
l’aide des suffixes – ation, – (e) ment, – вge, – itй, – ce), d’autres
ont acquis depuis peu une importance particuliиre (ainsi, la formation
de substantifs avec les suffixes – tron,. – rama), d’autres encore
perdent leur ancienne productivitй (telle, la formation des substantifs
avec les suffixes – esse, – ice, – ie). f • Les phйnomиnes du franзais
moderne tels que la polysйmie, l’homonymie, la synonymie et autres ne
peuvent кtre I expliquйs que par le dйveloppement historique du
vocabuдaire.

Le vocabulaire de toute langue est excessivement composite. Son
renouvellement constant est dы а des facteurs trиs variйs qui ne se
laissent pas toujours facilement rйvйler. C’est pourquoi’ l’йtude du
vocabulaire dans toute la diversitй de ses phйnomиnes prйsente une tвche
ardue. Pourtant le vocabulaire n’est point une crйation arbitraire.
Malgrй les influences individuelles et accidentelles qu’il peut subir,
le vocabulaire d’une langue sa dйveloppe j^rogresslveii^erit selon ses
propres lois qui en dйterminent les particularitйs.

L’abondance des homonymes en franзais en comparaison du russe n’est pas
fortuite; ce n’est guиre un fait du hasard que; la crйation de mots
nouveaux par”le passage d’une catйgorie lexico-grammaticale dans une
autre (blanc, adj. – le blanc Ides yeux], subst) soit plus productive en
franзais qu’en russe. Ces traits distinctifs du vocabulaire franзais
doivent кtre mis en йvidence dans le cours de lexicologie.

Si l’approche diachronique permet d’expliquer l’йtat actuel du
vocabulaire, l’approche synchronique aide а rйvйler les facteurs qui en
dйterminent le mouvement progressif. En effet, le dйveloppement du
vocabulaire se fait а partir de nombreux modиles d’ordre formel ou
sйmantique qui Sont autant d’abstractions de rapports diffйrents
existant entre les vocables а une йpoque dйterminйe. On pourrait citer
l’exemple du suffixe – on tirй rйcemment du mot йlectron et servant а
former des termes de physique (positon, hйgaton). L’apparition de ce
suffixe est due а l’opposition du mot йlectron aux mots de la mкme
famille йlectrique, йlectricitй.

Le suffixe – Ing d’origine anglaise a des chances de s’imposer au
franзais du fait qu’il se laisse facilement dйgager d’un grand nombre
d’emprunts faits а l’anglais. Tel a йtй le sort de nombreux suffixes
d’origine latine qui aujourd’hui font partie du rйpertoire des suffixes
franзais. Par consйquent, les multiples liens qui s’йtablissent entre
les unitйs lexicales а une йpoque donnйe crйent les conditions
linguistiques de l’йvolution du vocabulaire. Ainsi la synchronie se
rattache intimement а la diachronie. .

§ 3. Le vocabulaire en tant que systиme. Dans la sйrie hardiesse,
audace, intrйpiditй, tйmйritй chacun des membres se distingue, par
quelque indice sйmantique quf~eTr constitue l’individualitй et la raison
d’кtre: hardiesse dйsigne une qualitй louable qui pousse а tout oser,
audace suppose une hardiesse excessive, immodйrйe, intrйpiditй implique
le mйpris du danger, tйmйritй rend l’idйe d’hardiesse excessive qui agit
au hasard, et par consйquent, prend une nuance dйprйciativeA.

On peut prйvoir, sans risque de se tromper, que si encore un synonyme
venait а surgir il aurait reзu une signification en fonction de celles
de «ses prйdйcesseurs». Et, au con traire, il est probable que la
disparition d’un des synonymes serait suivie de la modification
sйmantique d’un des autres membres de la sйrie qui aurait absorbй la
signification du synonyme disparu.,’ ‘. •”‘”

4iajis la diachronie les moindres modifications survenues а quelque
vocable se font infailliblement sentir sur d’autres vocables reliйs au
premier par des liens divers. Il est aisй de s’en apercevoir. Les
modifications sйmantiques d’un mot peuvent se rйpercuter sur les mots de
la mкme famille. Le mot habit voulait dire autrefois « йtat » –
‘cocTOHHHe’; en prenant le sens de « vкtement » il a entraоnй dans son
dйveloppement sйmantique le verbe habiller formй de « bille » – ‘partie
d’un arbre, d’un tronc prйparйe pour кtre travaillйe’; ‘ l’apparition
des dйrivйs habilleur, habillement, dйshabiller est due а l’йvolution
sйmantique du verbe. L’emploi particulier d’un mot peut йgalement avoir
pour rйsultat la modification de sa signification. AinSj, par exemple,
un mot qui se trouve constamment en voisinage d’un autre mot dans la
parole peut subir l’influence sйmantique de ce dernier. Tels sont les
cas des substantifs pas, point, de mкme que rien, personne, guиre qui
ont fini par exprimer la nйgation sous l’influence de ne auquel ils
йtaient rattachйs.

Il s’en suit que dans l’йtude du vocabulaire une importance particuliиre
revient aux rapports rйciproques qui s’йtablissent entre les unitйs
lexicales.

Le systиme du lexique, comme tout autre systиme, suppose l’existence
d’oppositions. Ces oppositions s’appuient sur des rapports associatifs
ou virtuels existant au niveau de la langue-systиme. Elles appartiennent
au plan paradig-matique. Chaque unitй lexicale entretient, en effet,
divers rapports associatifs avec les autres unitйs. Prenons l’exemple de
F. de Saussure qui est celui du mot enseignement. A partir du radical
enseignement est en rapport paradigmatique avec enseigner, enseignons,
enseignant, etc.; envisagй sous l’angle sйmantique il s’associe а
instruction, apprentissage, йducation, etc. L’ensemble des unitйs
entretenant entre elles nelle permet au lexicologue de dйceler les
facultйs comblna-toires des mots et de leurs йlйments constituants
(constituants immйdiats, morphиmes, phonиmes).

L’analyse distributionnelle rejoint la mйthode contextuelle qui consiste
dans la prйsentation des phйnomиnes linguistiques dans un contexte
verbal dйterminй. Cette derniиre mйthode est largement utilisйe dans les
rйcents ouvrages lexicographiques soucieux de fournir aux usagers un
riche inventaire d’emploi des vocables afin d’en rendre plus tangibles
les nuances sйmantiques et l’usage.

Vu que tout mot construit peut кtre transformй en une construction
syntaxique la mйthode transformationnelle s’avиre utile lorsqu’on veut
en prйciser le caractиre et le degrй de motivation. Par exemple, la
transformation de jardinet – petit jardin nous autorise а affirmer que
ce mot construit est motivй par le mot jardin qui en est la base
dйriva-tionnelle; en plus, elle permet de constater le plus haut degrй
de la motivation puisque les deux йlйments constituant le mot
jardinet/jardin-et/soni suffisants pour en dйterminer le sens (le
suffixe – et а valeur diminutive йquivalant sйmantiquement а ‘petit’).
Par contre, la transformation de graveur – personne qui grave, tout en
nous renseignant sur le mot de base (graver), n’en йpuise pas la
signification qui est « personne dont le mйtier est de graver » (cf.
faucheur – « personne qui fauche »); ce fait signale une motivation
infйrieure, dite idiomatique.

Il n’est pas toujours aisй d’йtablir la direction dйrivative pour deux
mots qui supposent un rapport dйrivationnel. Tel est, par exemple, le
cas de socialisme et socialiste. La mйthode transformationnelle permet,
en l’occurrence, d’expliciter la direction dйrivative: socialiste devra
кtre interprйtй comme йtant dйrivй de socialisme du fait que la
transformation socialiste – partisan du socialisme est plus rйguliиre 1
que la transformation socialisme – doctrine des socialistes. Ainsi la
mйthode transformationnelle rend un service aux lexicologues dans
l’examen des rapports dйrivationnels existant au sein du vocabulaire.

Dans les йtudes portant sur le contenu sйmantique des vocables on fait
appel а l’analyse componentielle (ou sйmi-que). Cette derniиre vise а
dйceler les unitйs minimales de signification (composants sйmantiques,
traits sйmantiques ou sиmes) d’une unitй lexicale (mot ou йquivalent de
mot). L’analyse componentielle met en йvidence non seulement la
structure profonde de la signification 1t mais aussi les rapports
sйmantiques qui existent entre les vocables faisant partie des sйries
synonymiques, des groupes lexico-sйmanti-ques, des champs syntagmatiques
et autres groupements. Les mйthodes spйciales appliquйes en lexicologie
visent а dйcrire de faзon plus explicite la forme et le contenu des
unitйs lexicales, ainsi que les rapports formels et sйmantiques qu’elles
entretiennent.

CHAPITRE II

Le mot.

§ 1. Le mot – unitй fondamentale de la langue.

Le mot est reconnu par la grande majoritй des linguistes comme йtant une
des unitйs fondamentales, voire l’unitй de base de la langue. Cette
opinion qui n’a pas йtй mise en doute pendant des siиcles a йtй rйvisйe
par certains linguistes contemporains. Parmi ces derniers il faut nommer
des reprйsentants de l’йcole structuraliste, et en premier lieu des
linguistes – amйricains tels que Harris, Nida, Gleason, selon lesquels
non pas le mot, mais le morphиme serait l’unitй de base de la langue.
Conformйment а cette conception la langue se laisserait ramener aux
morphиmes et а leurs combinaisons a.

Dans la linguistique franзaise on pourrait mentionner Ch. Bally qui bien
avant les structuralistes amйricains avait dйjа exprimй des doutes sur
la possibilitй d’identifier le mot. Son scepticisme vis-а-vis du mot
perce nettement dans la citation suivante: « La notion de mot passe
gйnйralement pour claire; c’est en rйalitй une des plus ambiguлs qu’on
rencontre en linguistique » 9. Aprиs une tentative de dйmontrer les
difficultйs que soulиve l’identification du mot Ch. Bally aboutit а la
conclusion qu’ « II faut… s’affranchir de la notion incertaine de mot
». En revanche, il propose la notion de sйmantиme (ou sиme) qui serait «
un signe exprimant un* Idйe purement lexicale » *, et la notion de
molйcule

L’asymйtrie qui est propre aux unitйs de la langue en gйnйral est
particuliиrement caractйristique du mot. Cette asymйtrie du mot se
manifeste visiblement dans la complexitй de sa structure sйmantique. Le
mкme mot a le don de rendre des significations diffйrentes. Les
significations mкmes contiennent des йlйments appartenant а des niveaux
diffйrents d’abstraction. Ainsi, le mot exprime des significations
catйgorielles: l’objet, l’action, la qualitй. Ces significations sont а
la base de la distinction des parties du discours. A un niveau plus bas
le mot exprime des significations telles que la nombrabilitй/la
non-nombrabilitй, un objet inanimй/un кtre animй. A un niveau encore
plus bas le mot traduit diverses significations lexicales
diffйrencielles.

Notons encore que le mot constitue une rйalitй psychologique: c’est
avant tout les mots qui permettent de mйmoriser nos connaissances et de
les communiquer.

Ainsi, le mot est une unitй bien rйelle caractйrisйe par des traits qui
Jui appartiennent en propre. Malgrй les diversitйs qui apparaissent
d’une langue а l’autre le mot existe dans toutes les langues а ses deux
niveaux: langue-systиme et parole. Les mots (et, ajoutons, les
йquivalents de mots) constituent le matйriau nйcessaire de toute langue.

§ 2. Le mot (son enveloppe matйrielle) et la notion.

La linguistique marxiste reconnaоt l’existence d’un lien indissoluble
entre la pensйe de l’homme et la langue. Dйjа K. Marx constatait que la
langue est la rйalitй immйdiate de la pensйe, qu’elle est la «
conscience rйelle, pratique ». « Les idйes, disait K. Marx, n’existent
pas en dehors de la langue. » L’homme pense au moyen de notions qui se
combinent en jugements, il communique sa pensйe а l’aide de mots qui
s’agencent en propositions. Ces catйgories logiques et linguistiques
‘apparaissent toujours dans leur liaison йtroite.

Notre pensйe ne trouve sa rйalisation que dans la ‘matiиre, en
l’occurrence, dans la matiиre sonore (ou graphique, son succйdanй) sous
forme de mots et de propositions qui servent а rendre des notions et des
jugements. On peut parler de notions pour autant qu’elles sont
matйrialisйes sous forme de mots (ou d’йquivalents de mots). Ceux des
linguistes ont tort qui affirment qu’il existe une pensйe abstraite non
formulйe en paroles 1, que « toute pensйe, si simple soit-elle, est
incommunicable dans son essence, la langue en donne une image
schйmatique et dйformйe». Il faut donner raison а F. de Saussure 8
lorsqu’il dit que le son et la pensйe sont insйparables de la mкme
maniиre que le recto d’une feuille de papier est solidaire du verso.

Permettons-nous encore cette comparaison trиs rйussie de H. Von Kleist:
« L’idйe ne prйexiste pas au langage, elle se forme en lui et par lui.
Le Franзais dit: l’appйtit vient en mangeant; cette loi empirique reste
vraie quand on la parodie en disant: l’idйe vient en parlant ».

Le rфle des mots ne se borne pas а transposer la notion dans la forme
verbale, mais а servir de mйdiateur actif et indispensable dans la
formation de la notion, pour son devenir. Le mot participe lui-mкme а la
formation de la notion.

D’aprиs la thйorie de la connaissance de V.I. Lйnine, – le mot et la
notion prйsentent une unitй dialectique.

V.I. Lйnine dit que tout mot gйnйralise.

Examinons ce processus.

Dans quel rapport se trouvent le mot et la notion? Dans quel rapport se
trouvent la notion et l’objet de la rйalitй?

Dans ses «Cahiers philosophiques» V.I. Lйnine rйpond а ces questions.
Lйnine distingue deux degrйs de la connaissance.

Lepremier degrй consiste dans la sensation, dans la formation de
perceptions et de reprйsentations а partir de la sensation. La sensation
est le lien immйdiat entre la rйalitй, le monde extйrieur, et la
conscience. La sensation sert de base а la perception et la
reprйsentation. Le processus de perception s’effectue quand on perзoit
directement un* objet par les sens. La perception, c’est l’ensemble des
sensations produites par un objet. On peut se reprйsenter un objet sans,
e percevoir directement, а l’aide de la mйmoire ou de l’ magination.
Alors on est en prйsence du processus de la reprйsentation. La
reprйsentation, c’est l’image mentale de l’objet qui n’est pas perзu
directement par ies sens. Ainsi, l’homme entre en contact avec la
rйalitй par les sensations, les perceptions et les reprйsentations. Mais
ce n’est que le commencement du processus de la connaissance.

Le deuxiиme degrй de la connaissance, c’est la gйnйralisation des
phйnomиnes isolйs, la formation des notions (ou concepts) et des
jugements.

Par la gйnйralisation thйorique, abstraite des perceptions et des
reprйsentations, on forme des notions, des concepts. La notion, le
concept fait ressortir les propriйtйs essentielles des objets, des
phйnomиnes de la rйalitй sans en fixer les propriйtйs accidentelles.

Si nous regardons une riviиre nous la percevons; si nous nous souvenons
plus tard de cette mкme riviиre, nous nous la reprйsentons. L’image
concrиte de cette riviиre est, dans le premier cas, une perception, dans
le deuxiиme – une’ reprйsentation. En faisant ressortir les propriйtйs
essentielles des riviиres en gйnйral, c’est-а-dire le courant de l’eau,
avec ses deux rives naturelles (а l’opposй d’un canal), etc., nous
formons une notion. La notion, le concept ce n’est plus une image
mentale concrиte, c’est une abstraction, une gйnйralisation thйorique.
Le mot riviиre s’unit а la notion « riviиre »; il sert а nommer non pas
une riviиre dйterminйe, mais n’importe quelle riviиre, la « riviиre » en
gйnйral, autrement dit, ce mot exprime la notion de « riviиre »
gйnйralisйe, abstraite. Le mot gйnйralise principalement grвce а sa
facultй d’exprimer des notions.

La notion (ou le concept) peut кtre rendue par des moyens linguistiques
diffйrents: par des mots, des groupes de mots. C’est pourtant le mot,
par excellence, qui sert de moyen pour exprimer la notion. La facultй
d’exprimer des notions ou des concepts est une des caractйristiques
fondamentales des mots et de leurs йquivalents.

Donc, le mot et la notion (ou le concept) constituent une unitй
dialectique. Pourtant unitй ne veut pas dire identitй. De mкme qu’il n’y
a pas d’йquivalence, voire, de symйtrie, entre la pensйe et la langue,
il n’y a point d’identitй entre le mot et la notion. Un mot, prйcisйment
son enveloppe matйrielle, peut кtre liй а plusieurs notions et,
inversement, la mкme notion est parfois rendue par des mots diffйrents.

Il est nйcessaire de faire la distinction entre les notions de la vie
courante, ou les notions coutumiиres, et les concepts а valeur
scientifique. Ainsi, le mкme mot riviиre exprime tout aussi bien une
notion coutumiиre qu’un concept scientifique. Le concept scientifique
reflиte les propriйtйs vйritablement essentielles des objets et des
phйnomиnes consciemment dйgagйs dans le but’spйcial de mieux pйnйtrer et
comprendre la rйalitй objective.

Les concepts scientifiques sont exprimйs par les nombreux termes
appartenant aux diverses terminologies.

La notion coutumiиre reflиte dans notre conscience 1 0 s propriйtйs
distinctives essentielles des objets et des phйnomиnes. Les notions
coutumiиres n’exigent pas de dйfinitions prйcises et complиtes au mкme
titre que les concepts scientifiques qui veulent une extrкme prйcision.
Dans son activitй journaliиre l’homme a surtout affaire aux notions
coutumiиres qui servaient la pensйe humaine dйjа bien avant l’apparition
des sciences. Aujourd’hui comme autrefois la plupart des mots d’un
emploi commun expriment dans le langage principalement des notions
coutumiиres.

Les notions coutumiиres de mкme que les concepts scientifiques se
prйcisent et se perfectionnent grвce au processus universel de la
connaissance de la rйalitй objective.

Les notions, les concepts peuvent кtre rйels et irrйels. Ils sont rйels
а condition de reflйter les propriйtйs des objets et des phйnomиnes de
la rйalitй objective. Tels sont: йlectricitй, atome, oxygиne, hydrogиne;
matiиre, rйalitй, jugement, concept; science, mot, morphиme, prйfixe,
suffixe; homme, sociйtй, enfant, etc. Les notions et les concepts
irrйels sont aussi des gйnйralisations abstraites, mais ils ne reflиtent
pas des objets et des phйnomиnes existants; tels sont: ange, diable,
paradis, enfer, sorcier, panacйe, pierre philosophale, centaure, etc. Un
grand nombre de ces notions a йtй crйй par la religion qui les
prйsentait comme des concepts rйels et justes. Les notions et les
concepts irrйels ne sont pourtant pas entiиrement dйtachйs de la rйalitй
objective. Ils reflиtent des morceaux, des fragments de la rйalitй
combinйs arbitrairement grвce а l’imagination. L’homme vйrifie la
justesse et l’objectivitй de ses connaissances en se rйglant sur la
pratique quotidienne. C’est la pratique quotidienne qui permet de
distinguer ce qui est juste de ce qui est faux dans nos perceptions, nos
reprйsentations, nos notions et jugements. Elle est la base du processus
de la connaissance а son premier et son deuxiиme degrй. La pratique est
le critиre suprкme de toute connaissance:

«De l’intuition vivante а la pensйe abstraite, et d’elle nature: elle se
situe non plus au niveau lexical, mais au niveau grammatical de la
langue. Certains mots-outils traduisent les rapports existant entre les
notions et les jugements (tels sont les prйpositions, les conjonctions,
les pronoms relatifs, les verbes auxiliaires copules), d’autres
prйcisent en les prйsentant sous un aspect particulier les notions
rendues par les mots qu’ils accompagnent (ainsi, les articles, les
adjectifs possessifs et dйmonstratifs).

Signalons а part les termes modaux qui n’expriment pas de notions, mais
l’attitude du sujet parlant envers ee qu’il dit, par exemple:
йvidemment, probablement, peut-кtre, n’importe, etc.

Remarquons qu’aux yeux de certains linguistes * tout mot possйderait
forcйment la fonction rationnelle. Ainsi, les noms propres de personnes
et d’animaux rendraient la notion trиs gйnйrale de l’homme ou de
l’animal (Mйdor serait toujours un chien, tandis que Paul, s’associerait
rйguliиrement а l’homme). Les interjections ne traduiraient pas les
йmotions du locuteur en direct, mais par le truchement des notions
correspondantes (Pouah I rendrait l’idйe d’un grand dйgoыt tiens 1 –
celle d’une surprise). Cette conception, qui ne manque pas d’intйrкt,
fait toutefois violence aux phйnomиnes linguistiques.

Si l’on compare, quant а leur contenu sйmantique, les mots homme et
Emile pris isolйment la diffйrence apparaоtra nettement. Le mot homme
rendra effectivement la notion gйnйrale de « кtre humain douй
d’intelligence et possйdant l’usage de la parole», il n’en sera rien
pour Emile qui n’exprimera pas plus la notion d’« homme » que Mlnouche
celle du « chat ». Donc, au niveau de la langue-systиme Emile et
Minouche sont dйpourvus de la fonction rationnelle. Il en est autrement
au niveau de la parole. C’est justement ici que les noms propres de
personnes et d’animaux se conduisent а l’йgal des noms communs. En
effet, les premiers, aussi bien que les derniers, exprimeront des
notions particuliиres. (Cf. Jean viendra – Cet homme viendra)

Donc, les noms propres de personnes et d’animaux possйderont la fonction
rationnelle (et, йvidemment, la fonction nominative) au niveau de la
parole.

Aussitфt qu’un nom propre acquiert la facultй d’exprimer une notion
gйnйrale (cf. un Harpagon, un Tartufe) il sera promu au rang des noms
communs et deviendra un mot а fonction rationnelle au niveau de la
langue.

Confrontons а prйsent pouah! et dйgoыt. Si dйgoыt rend bien une notion
dйterminйe tout en la nommant, pouah 1 traduit en direct un sentiment,
une йmotion causйe par un phйnomиne-dй la rйalitй. Tout comme les
notions les йmotions reflиtent la rйalitй. Toutefois ces rйverbйrations
йmotives se situent а un niveau infйrieur en comparaison de la notion.
Donc, les interjections possиdent uniquement la fonction affective aux
deux niveaux de la langue. C’est dans le fait que les interjections
rendent nos sentiments et non pas des notions-qu’il faut chercher
l’explication du caractиre souvent flottant, imprйcis de leur
signification.

§ 3. La signification en tant que structure. La linguistique marxiste
insiste sur la nйcessitй d’envisager la signification comme un des
ingrйdients du mot.

Ceux des linguistes qui voudraient dйpouiller le mot de son contenu
sйmantique, l’interprйter comme un phйnomиne purement formel ne tiennent
pas compte de la fonction essentielle de la langue – celle de
communication. C’est le cas dй certains structuralistes amйricains qui
ont exclu la catйgorie de la signification de leurs recherches. Les
йtudes purement formelles des phйnomиnes linguistiques prйsentent la
langue d’une faзon tronquйe, incomplиte. Ainsi le renoncement а la
signification cause de grands inconvйnients. Un linguiste, pour peu
qu’il veuille connaоtre la nature des faits qu’il se propose d’йtudier,
ne saurait se borner а l’examen du plan « expression » et devra pйnйtrer
plus avant le plan « contenu ». Souvenons-nous des paroles de L.
Tcherba; il disait que celui qui renonce ‘а la catйgorie de la
signification en tue ljвme. Plus rйcemment E. Benveniste a trouvй une
autre image pour rendre la mкme idйe: « Voici que surgit le problиme qui
hante toute la linguistique moderne, le rapport forme: sens que maints
linguistes voudraient rйduire а la seule notion de forme, mais sans
parvenir а se dйlivrer de son corrйlat, le sens. Que n’a-t-on tentй pour
йviter, ignorer, ou expulser le sens? On aura beau faire: cette tкte de
mйduse est toujours lа, au centre de la langue, fascinant ceux qui la
contemplent ».

La linguistique franзaise n’est jamais allйe jusqu’а exclure de la
langue la signification. Toutefois les termes «sens» •et «signification»
du mot n’y ont pas reзu de dйfinition prйcise. Certains linguistes les
emploient sans commentaire comme si ces notions ne soulevaient aucun
doute; d’autres йludent consciemment le problиme. Il est connu que F. de
Saussure « pour ne pas s’embrouiller dans toutes les controverses
instituйes а ce sujet, avait prйfйrй ne pas faire allusion а la
signification ou au sens des mots. Il avait parlй de « signifiй » et de
« signifiant »…1

Dans la linguistique soviйtique le problиme n’a pas йtй seulement posй,
mais largement йlaborй.

Les linguistes paraissent s’entendre pour attribuer а tout mot une
signification soit* lexicale, soit grammaticale. On reconnaоt que les
mots sont porteurs de significations grammaticales lorsqu’ils expriment
des rapports entre les notions et les jugements ou bien quand ils
servent а dйterminer les notions.3

Les linguistes conзoivent diffйremment la signification lexicale du
mot.8

Il est йvident que la signification du mot n’est pas l’objet ni le
phйnomиne auquel elle s’associe; ce n’est point une substance
matйrielle, mais un contenu idйal. Il reste pourtant vrai que sans ces
objets et phйnomиnes de la rйalitй les significations des mots
n’existeraient pas. Cette thиse est йgalement valable pour les mots
exprimant des notions rйelles et irrйelles.

La signification du mot n’est point non plus le lien entre l’enveloppe
sonore d’un mot et les objets ou phйnomиnes de la rйalitй, quoique cette
opinion soit assez rйpandue. Par lui-mкme ce lien entre l’enveloppe
sonore des mots et les objets et phйnomиnes de la rйalitй ne peut
expliquer la diversitй des significations.

Les linguistes soviйtiques estiment que la signification est avant tout
une entitй idйale qui ne peut s’identifier avec quelque rapport. Il est
toutefois indispensable d’en prйciser la nature.

Tout*”en reconnaissant la facultй gйnйralisatrice du mot on oppose
parfois la signification а la notion, la premiиre йtant interprйtйe
comme catйgorie linguistique et la seconde, comme catйgorie logique.
Seuls les termes seraient susceptibles d’exprimer des notions, alors que
la majoritй des mots exprimeraient des significations. En effet, la
signification des termes se distingue de celle des mots non
terminologiques par son caractиre scientifique et universel. Il n’en
reste pas moins vrai que tout mot reflиte la rйalitй objective, qu’il
soit un terme ou non. C’est pourquoi tout mot en tant que gйnйralisateur
se rattache nйcessairement а la notion. On peut dire que la notion
rendue par un mot constitue le composant fondamental de sa
signification. Il est notoire que les notions (prйcisйment les notions
coutumiиres) exprimйes par des mots correspondants appartenant а des
langues diffйrentes ne coпncident pas toujours exactement, ce qui se
fait infailliblement sentir sur la signification de ces mots.

§ 4. Le sens йtymologique du mot. Les mots motivйs et Immotivйs. Depuis
longtemps les linguistes se sont affranchis de l’opinion simpliste qui
rйgnait parmi les philosophes grecs antiques selon laquelle le mot, le «
nom » appartient а l’objet qu’il dйsigne. Il est йvident qu’il n’y a pas
de lien orga^ nique entre le mot, son enveloppe sonore, sa structure
phonique et l’objet qu’il dйsigne. Pourtant le mot, son enveloppe
sonore, est historiquement dйterminй dans chaque cas concret. Au moment
de son apparition le mot ou son йquivalent tend а кtre une
caractйristique de la chose qu’il dйsigne. On a appelй vinaigre l’acide
fait avec du vin, tire-bouchon – une espиce de vis pour tirer le bouchon
d’une bouteille. Un sous-marin est une sorte de navire qui navigue sous
l’eau et un serre-tкte – une coiffe ou un ruban qui retient les cheveux.
Il en est de mкme pour les vocables existant dйjа dans la langue, mais
servant а de nouvelles dйnominations. Par le mot aiguille on a nommй le
sommet d’une montagne en pointe aiguл grвce а sa ressemblance а une
aiguille а coudre.

L’enveloppe sonore d’un mot n’est pas due au hasard, mкme dans les cas
oщ ‘elle paraоt l’кtre. La table fut dйnom mйe en latin « tabula » –
‘planche’ parce qu’autrefois une planche tenait lieu de table. Le mot
latin « calculus » – ‘caillou’ servait а dйsigner le calcul, car,
anciennement, on comptait а l’aide de petits cailloux.

La dйnomination d’un objet est basйe sur la mise en йvidence d’une
particularitй quelconque de cet objet.

Il est aisй de s’apercevoir d’aprиs ces exemples que le sens
йtymologique des mots peut ne plus кtre senti а l’йpoque actuelle.

En liaison avec le sens йtymologique des mots se trouve la question des
mots motivйs et immotivйs sans qu’il y ait de parallйlisme absolu entre
ces deux phйnomиnes.

Nous assistons souvent а la confusion du sens йtymologique d’un mot et
de sa motivation. Toutefois le sens йtymologique appartient а l’histoire
du mot, alors que la motivation en reflиte l’aspect а une йpoque donnй.

Tous les mots d’une langue ont forcйment un sens йtymologique, explicite
ou implicite, alors que beaucoup d’entre eux ne sont point motivйs. Tels
sont chaise, table, main, sieste, fortune, etc. Nous aurons des mots
motivйs dans journaliste, couturiиre, alunir, porte-clй, laisser-passer,
dont le sens rйel йmane du sens des йlйments composants combinйs d’aprиs
un modиle dйterminй. La motivation de ces mots dйcoule de leur structure
formelle, et elle est conforme а leur sens йtymologique. Il en est
autrement pour vilenie dont la motivation actuelle est en contradiction
avec le sens йtymologique puisque ce mot s’associe non plus а vilain,
comme а l’origine, mais а vil et veut dire « action vile et basse. »

§ 5. Caractйristique phonйtique des mots en franзais moderne. Nous nous
bornerons ici а noter certains traits caractйrisant les mots franзais
quant а leur composition phonique et leur accentuation dans la chaоne
parlйe.1

Les mots franзais sont caractйrisйs par leur briиvetй. Certains se
rйduisent а un seul phonиme. Il s’agit surtout de mots non autonomes
(ai, eu, on, est, /’, d etc), les mots autonomes а un phonиme йtant
exclusivement rares (an, eau).

Par contre, les monosyllabes sont trиs nombreux dans ces deux catйgories
de mots (le, les, des, qui, que, mais, main, nez, bras, monte, parle,
etc). Ces monosyllabes sont parmi les mots les plus frйquents.

L’analyse d’un certain nombre de textes suivis a permis de constater que
les mots contenant une syllabe forment environ 61% et les mots а deux
syllabes forment prиs de 25% de l’ensemble des mots rencontrйs. Cet йtat
de choses est le rйsultat d’un long dйveloppement historique qui remonte
а l’йpoque lointaine de la formation de la langue franзaise du latin
populaire (ou vulgaire). Pour la plupart les monosyllabes sont le
rйsultat des nombreuses transformations phonйtiques subies par les mots
latins correspondants formйs de deux ou trois syllabes; cf.: homme mйtro, stylographe >
stylo, piano-forte > piano, automobile > auto, mйtйorologie

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